Make a love story + William

La tête qui tourne, le coeur sur le bord des lèvres, des étoiles dansantes devant les yeux. Je suis comme ça depuis plus de vingt minutes, à regarder le plafond. Si j'ai eu le goût d'assister à cette soirée, c'est uniquement dans le but de pouvoir penser à autre chose et me permettre de trouver un peu de courage pour la journée qui m'attend demain. Si ma journée a été un enfer, je ne veux pas me réveiller demain matin. De toute manière, j'ignore même où je pourrais me réveiller, tellement que même essayer de me rappeler de mon prénom me donne la migraine. Dès que quelqu'un passe près de moi, j'ai l'impression qu'elle crie, qu'elle est en couleur flashy et en rose pastel. Et c'est uniquement avec deux verres d'alcool que je réussis à avoir cette merveilleuse face d'enterrement lorsque mes yeux se posent sur une personne que je connais de proche ou de loin. Mais dès que je retourne au plafond, tout devient rose, avec des tracés orangés. C'est beau, c'est brillant, je souris à la vie. Quelqu'un décide de prendre place à mes côtés, ce qui me donne le goût de me mettre à crier. Ne comprend t-il pas que le canapé est occupé ? Reprenant contenance sur mes deux jambes, j'avance lentement, âme perdue cherchant une manière de se désennuyer. Et après trois longues secondes de recherche, mes yeux se posent enfin sur l'objet de mes désirs. Si d'avance je suis quelqu'un de timide et de réservé, ce dernier n'existe plus. Ne prenant pas plus de temps pour réfléchir, j'avance, me sentant soudainement rempli d'une nouvelle énergie. À pas de loup bruyant, je m'avance vers un groupe de trois personnes, parlant entre eux. Mon regard s'est perdu dans celui qui a posé une seconde ses yeux sur ma personne, quelques instants avant. Peut-être que ce n'était rien, peut-être avait-il uniquement envie de regarder par-dessus l'épaule de son ami, mais moi, ce n'est pas ce que j'ai compris sur le coup, pensant que ce dernier me fait des avances direct. Probablement et totalement à cause de la boisson que j'ai pris pendant toute la soirée. Je suis là depuis au moins un gros trois heures. Il est vrai que je n'ai jamais eu beaucoup de contrôle lorsque je bois et encore ce soir, il est évident que j'ai raison sur ce point. Peut-être que pour certaines personnes ce petit trait de personnalité peut être mignon, mais sur ma personne, ce n'est pas le cas. C'est déplacé, déguelasse et à la limite du supportable.

Arrivé à la hauteur du petit groupe, je m'avance vers eux, m'introduisant complètement dans leur conversation, ne voulant pas en manquer une. S'ils parlaient en cercle quelques mini seconde avant, ce n'est plus le cas désormais, nous formons un très laid carré. Et mon sourire n'est que plus large face à un petit brun qui me parait assez gentil dans son genre. J'ai peut-être l'air d'un abrutis à me tenir de la sorte devant eux, mais c'est réellement le cadet de mes soucis. Et tandis que les '' deux amis '' de mon coup de coeur décide de nous laisser seuls, comprenant enfin qu'ils sont de trop dans la pièce, je ne peux m'empêcher de continuer de sourire, comme un enfant de deux ans qui découvre pour la première fois que noël existe vraiment et que cette fête pourra durer toute la journée, tellement il y a de cadeaux sous son sapin de noël. Et je continue de sourire comme le mec qui vient de sortir du bureau du dentiste et que ce dernier lui a mentionné que ses dents étaient totalement en santé et qu'il pouvait continuer d'agir comme il le fait habituellement. En d'autres mots, j'ai l'air d'un crétin de première classe. Et tandis que je ne comprend même pas mes pensées, je m'avance vers l'inconnu, toujours debout devant moi, avant de plaquer mes lèvres sur les siennes. Rien qu'une toute petite seconde, mais assez pour me donner un mal de coeur atroce. Le laissant quelques instants, je vomis la bière que j'ai bu de trop directement sur son épaule droite. - Salut, moi c'est Thomas. - C'est ainsi que j'ai rencontré William Levinson.

Aller dans les bars avec des amis et des connaissances, ce n'est pas vraiment dans ses habitudes. Il a simplement voulu être aimable, voulu tendre la main à un mec de son cours qu'il ne connait même pas. Il l'a invité à prendre un verre entre amis, lui a dit qu'il était un peu dépressif et voilà, il avait cédé parce qu'il avait eu pitié de lui et de ses yeux mouillés. Maintenant, il comprenait que son supposé nouvel ami voulait seulement draguer en sa compagnie, pour ne pas avoir l'air d'un prédateur avec les filles du bar. Draguer avec un ami, ça vous rend supposément plus sympathique avec la gente féminine. Il le regardait donc flirter depuis le début de la soirée, tout en faisant semblant de boire les verres qu'il lui offrait, en les laissant aux pauvres filles qui se faisaient draguer. William et l'alcool, ce n'est pas un bon mélange. Vous ne voulez pas voir ça, il ne veut pas voir ça, personne ne veut voir ça. Lorsqu'on parle d'une personne ayant zéro tolérance aux alcools de tout genre, on parle sûrement de lui. Quelques verres, et il perd immédiatement la carte. Justement, pour éviter le malaise, il s'était éclipsé à la salle de bain pour fuir une situation un peu embarrassante, quelques minutes plus tôt. Evan, son supposé nouvel ami dépressif, avait commencé à draguer une fille et son amie, et avait tenté de matcher l'une d'elle avec William. En tant normal, seul et dans d'autres circonstances, la demoiselle était jolie et il lui aurait fait plaisir de discuter avec elle. Mais elle était saoule, clairement amoureuse de son ex puisqu'elle en parlait sans arrêt et un peu conne aussi. Et il était terriblement retardé lorsqu'il s'agissait de discuter, alors il valait mieux éviter de se faire ridiculiser.

Il revenait justement vers l'endroit où il les avait laissé, pour y apercevoir Evan qui se faisait embrasser par un autre homme. Pourtant, il était clairement hétérosexuel non? Arquant un sourcil, il arrêta net en voyant le pauvre homme en sa compagnie vider le contenu de son estomac sur l'épaule de celui qu'il venait d'embrasser. Et ce qui devait arriver ... arriva. Evan se mit à jurer avant d'élancer la main et de gifler celui qui venait de se présenter à lui, puis de foutre le camp. Le laissant, du coup, seul avec l'étranger clairement trop éméché devant lui. "Euh... je crois que je vais plutôt ..." Et il revire les talons, comme ça, sans demander son reste lui non plus. Parce que gérer un mec bourré et clairement sexuellement obsédé, c'est pas trop dans ses cordes.

La chaleur de la pièce n'aide en rien, j'ai des sueurs et de l'eau qui commence à me couler dans la nuque, descendant doucement dans mon dos. Je sais bien que d'ici quelques minutes, il y a des chances que je m'écrase contre le parquet car vraiment, je n'ai aucune idée de ce que je fais ici. La seule chose qui importe, en ce moment, c'est le mec canon qui est devant moi, que je viens d'embrasser, que je viens de renvoyer sur son épaule. Et qui vient de me gifler devant tout le monde et qui vient de se barrer. Je ne sais pas exactement ce qui se passe en ce moment et je sais bien que demain matin, ça sera pire mais pour la peine, j'ai mal à la joue gauche. C'est horrible. Sentant les larmes commencer à monter, je me retourne vers la personne qui, quelque secondes auparavant, n'était même pas là. Ce dernier, se demandant clairement la raison de son existence, décide de se pousser, me laissant seul, avec moi-même. Ce n'est plus simplement des larmes que j'ai sur le bord des yeux, mais des rivières qui coulent tout doucement. Je ne vois plus rien, j'ai l'impression que tout le monde me veut du mal. Qui va finir par m'achever ?

- Mais attends. - Et je laisse personne derrière moi, puisque j'étais tout seul, pour suivre mon nouvel ami. J'ai l'impression qu'il ne veut rien savoir de moi, qu'il me fuit mais peu importe. Lui, il sera mon ami, quoi qu'il en décide. Et si jamais il décide de partir en voiture, je vais simplement courir derrière, espérant pouvoir tenir bon pour au moins avoir son adresse sous la main lors de mes moments de déprime. - Tu t'appelles comment ? Moi c'est Thomas. Ton ami tantôt, il était pas très réceptif mais pas grave. Je préfère traîner avec toi. T'as l'air gentil. - Hummm, pas bonne idée. - Moi c'est Thomas. -

Apparemment, fuir non plus n'est pas dans ses cordes. Pourquoi est-ce qu'il rate absolument tout ce qu'il tente? C'est la question qu'il se pose lorsqu'il entend la voix de l'inconnu parvenir jusqu'à ses oreilles, ce dernier le suivant très probablement. Et au lieu de marcher plus vite, il arrête net, ne sait plus trop où aller ni s'il doit se retourner pour lui faire face ou l'ignorer. Ce genre de situation est bien loin d'être faciles à gérer pour lui. Surtout qu'il entend le garçon chigner derrière lui. S'il part et qu'il l'ignore, ne sera t-il pas comme cette petite brute qui le malmenait à la garderie? Comme ces mecs qui ne se préoccupent que d'eux et laissent les autres dans le besoin? Est-ce qu'il a au moins un moyen de transport pour revenir chez lui? Puisqu'il n'a pas le coeur à faire comme s'il n'existait pas, il se retourne tranquillement, regardant le plancher plutôt que devant lui. "J'ai entendu ça tantôt oui." Il brefouille et il ne sait même pas pourquoi. Parce que toute cette situation est grotesque sûrement. Parce qu'il préfèrerait être chez lui à faire la cuisine ou jouer à un jeu en ligne. Tout sauf ici. Même chez son vieux pervers de voisin qui le matte par la fenêtre lorsqu'il oublie de fermer les rideaux. La dernière chose dont il a envie, c'est qu'il décide qu'il peut l'embrasser lui aussi devant tout le monde. Voir même de lui vomir dessus. Ou sur ses chaussures. Ou devant lui. Il déteste le vomi. Ou recommencer à pleurer. Ou continuer à pleurer. Est-ce qu'il a arrêté de pleurer? C'est difficile à dire. Il a le visage complètement trempé. "Il est juste pas ... " Pas assez débile pour pas réagir quand on l'embrasse et lui vomit dessus? "Il préfère les femmes, voilà." Comme si son petit drague avec toutes les filles du bar ne lui avait pas mis la puce à l'oreille pourtant.

"T'as pas ..." Finir une phrase ça pourrait être bien, mais encore faut-il savoir quoi dire. Et ce n'est pas son cas, manifestement. Prenant son courage à deux mains, il prend donc une grande respiration pour continuer la discussion. Mais ce n'est pas ce qu'il lui faut. Ce qu'il lui faut c'est ce verre qu'il a dans les mains depuis au moins trente minutes. Ce verre qu'il n'a pas encore touché. Ce verre qu'il décide soudainement de boire cul sec pour se donner un peu de contenance. Ainsi, il pourra partir au plus vite de cet endroit trop bruyant à son goût. "T'as pas des amis quelque part? Tu veux je t'appelle un taxi pour rentrer chez toi?" Ou comment essayer de se débarrasser de lui en douceur. Et c'est pourtant plus de mots qu'il n'en a prononcé en une seule soirée. En une seule journée même, pour être exact. Il espère juste que sa petite question recevra une réponse positive et que l'inconnu le laissera sous peu seul et en paix. Mais aussi qu'il n'aura pas remarqué qu'il ne lui a pas donné son prénom à son tour, et qu'il se frotte le bras depuis qu'il s'est retourné, ne sachant pas quoi faire de ses dix doigts. Mal dans sa peau? Peut-être juste un brin.

- Oh - C'est tout ce que je trouve à lui dire lorsqu'il m'explique que son ami préfère les femmes. Je m'y attendais tout de même un peu, j'ai jamais été chanceux pour déceler ce genre de truc. Et puis, avec ses mains longues depuis le début de la soirée sur les filles de son entourage, il est vrai que j'aurais pu faire le lien mais à la base, j'ai cru que c'était sa soeur. Ceci est ma défense, monsieur le juge ! - C'est pas bien grave, je l'aime pas beaucoup. - Je ne l'aime pas du tout, mais je ne veux pas froisser son ami qui semble si gentil. - De toute façon, moi aussi. LES FILLESSSS - C'est limite un cri d'alarme qui me parvient de la gorge en ce moment. Tellement désespérant que certaines personne se retournent lors de notre passage, certainement pour ne pas nous frôler. J'ai envie de prendre ce garçon dans mes bras et de le serrer très fort contre moi, comme le ferait un véritable ami. Lui taper dans les mains et rire un bon coup ensuite. Jouer à la corde à danser ?

Le nouvel ami s'en va, moi sur ses talons. S'il essaie de me doubler, il a manqué son coup. Je le suis tel son ombre, sourire bien collé aux lèvres, le regard posé sur son postérieur. Quoi ? Je suis derrière lui, je peux quand même pas le regarder dans les yeux ! Par contre, j'adore sa coiffure et la couleur de son gilet. - Il est beau ton gilet. - Je m'approche ensuite de lui, voulant qu'il puisse m'entendre convenablement. - Il sent bon aussi, ton gilet. - Non, je n'ai pas fait de remarque sur l'absence de son prénom et ce n'est pas quelque chose qui me dérange. J'essaie uniquement d'arrêter de pleurer et aussi, de garder les yeux en face des trous. J'ai tout le temps pour apprendre à le connaitre, la soirée est encore jeune. La voix de mon cher nouvel ami se faire entendre, mais pas la suite. Mon regard se perd une seconde dans le sien, j'ai l'air bête. Je sais que je continue de pleurer et que je ne dois pas être très beau à voir mais peu importe. Je me sens maître de moi-même pour la première fois de la soirée, tandis que sexy - va l'appeler sexy - décide de boire son verre cul sec. S'il est si assoiffé, il aurait pu me le dire. J'aurais été lui chercher quelque chose à boire, j'en aurais pris un verre aussi, buvant à notre nouvelle amitié pour la vie. - Un taxi ? Pour faire quoi ? - J'ai préféré ne pas parler des amis, je sais même si pas si mon meilleur ami est encore debout à cette heure là. Et encore moins mon petit ami. J'ai juste l'impression que sexy veut se débarrasser de moi et ceci m'attriste à tel point que c'est insupportable. - Tu veux aller au bal avec moi ? -

Dire que Thomas est à jeun et clairement lucide, ce serait de mentir. De manière pure et simple. Il n'a pas les idées claires, ça parait comme un nez au milieu du visage. Il a les yeux vitreux, de ce que peut en voir William puisqu'il ne fait que lever la tête en sa direction quelques micros secondes. Il n'a peut-être pas qu'ingurgiter de l'alcool aussi. Ce garçon, il ne sait rien de lui. C'est peut-être un addict aux substances illicites. Mais il en doute. Il a l'air, tout comme lui, trop pathétique pour ça. Il a plutôt l'air de tenir l'alcool comme une quiche. Il comprends ça, lui aussi a une horrible tolérance. Mais son nouveau pot de colle n'est pas seulement un consommateur de boisson exécrable. C'est aussi un terrible menteur. Bien qu'il ne le veut aucunement, Will se met à sourire avant de pouffer de rire lorsque Thomas se met à accentuer le mot filles. Qui croit-il berner en accentuant ainsi un simple mot? Lui-même? "Si ça peut te faire plaisir." Ce n'est pas méchant. C'est une promesse silencieuse. Celle de ne pas le questionner sur son orientation sexuelle durant cette conversation. Il n'est clairement pas à l'aise avec sa sexualité et qui est-il pour le forcer à dire la vérité? Ils ne sont que deux inconnus dont un essai de s'échapper sans y parvenir. Si la discussion avait continué sur cette note, il n'y aurait pas eu de lézard. Ils auraient fait un peu les niais en parlant de Evan et ils se seraient quittés sans trop de dégâts. Mais Thomas, ce cher Thomas, est bien trop éméché pour ça. Levant finalement les yeux pour les fixer dans les siens, la bouche entre ouverte, Will cherche ses mots. Est-ce qu'il vient de renifler son gilet de lui dire qu'il sentait bon? À quoi il s'attendait, à ce que le mec bourré qui vient d'embrasser son collègue de classe ne tombe hétérosexuel en quelques secondes après avoir lâché le mot fille? Non mais à moins de rentre dedans.

"Merci? J'imagine." Le remercier ou bien déguerpir en courant? Au moins il ne l'a pas giflé comme son précédent ami l'a fait. C'est peut-être assez pour qu'il ne se mettre pas à pleurer devant lui. Note à lui même: changer d'eau de Cologne. "T'as bien un endroit où tu vis? Tu veux pas te coucher? Aller dormir? Tu dois être fatigué." Il espère secrètement qu'il va comprendre qu'il est épuisé et lui dire que oui, il veut ce putain de taxi, mais ça ne semble pas ne serait-ce que lui effleurer l'esprit. Dommage, il aurait tenté le coup au moins. Pour ce que ça donne. Thomas se met à déparler en l'invitant au bal. "Je crois pas non. Y a pas de bal." Peut-être bien dans sa tête? Est-ce qu'il veut dire danser? Si c'est ça, c'est sans lui. "Puis t'aime les fillleeeeeees. Invites-en une plutôt." Ou comment jouer sur ses sentiments et ses insécurités. Qu'est-ce que sa propre mère dirait si elle le voyait comme ça, entrain d'essayer de fuir un inconnu qui renifle son gilet. Elle l'enfermerait à double tour pour que son poussin ne se fasse pas violer, à coup sûr.

Dire que Thomas est saoul et clairement bourré, ce serait la vérité. De manière pure et simple. Et parler de soi à la troisième personne est clairement une autre façon de montrer que je suis bourré. À la base, je suis ici dans le but de couvrir une annonce pour le journal, quelques lignes sur une fête. Simple et efficace. Et, de fil en aiguille, pour faire comme les autres, je m'étais mis à boire et à parler avec des gens que je ne connaissais pas. Et je m'étais remis à boire. Et à boire. Et à boire. Et à embrasser l'ami de monsieur sexy. Et à vomir dessus aussi. Je sais que ce soir, les choses sont entrain de dégénérer, mais je sais aussi que je ne veux pas laisser passer ma chance. Ma chance d'avoir un nouvel ami, de connaitre quelqu'un de différent, après tant d'années. Et au diable si sexy ne veut rien savoir de moi car moi, j'ai l'intention de vouloir savoir des choses sur lui. - Il a l'air confortable aussi, ton gilet. Tu vas me le prêter, dis ? - Si sexy aurait été plus près, j'aurais passé ma main sur son bras, espérant qu'il puisse comprendre que j'avais les mains gelées. Ce n'est pas dans mon habitude d'agir de la sorte et encore moins d'avoir les membres glacés. Habituellement, je suis une boule de chaleur, même mon chat refuse de venir se coller pour dormir, tellement je dégage de la chaleur.

- Tu veux venir chez moi ? - C'est une invitation déguisé, c'est ça ? Si oui, sexy peut venir quand il veut. Chez moi. Il peut venir chez moi. Bref. - On pourra parler toute la nuit et s'échanger des gilets aussi. Je suis pas fatigué lorsque tu es là. - Et à la fin du là, j'ai simplement déposé ma tête sur son épaule, une fraction de seconde, voulant montrer à notre entourage que sexy est avec moi. Pas avec elle, ou avec lui. Et encore moins avec l'autre et celui-là. Avec moi. Et il veut venir chez moi, si c'est pas mignon. Sexy me coupa net dans mon élan, avec ses paroles. - Pas ici pour le bal, mais dehors. Sous les étoiles. Il y a la lune aussi qui s'est invité. Tu verras, c'est très ... il y a la lune aussi. - J'ai fini par le regarder dans les yeux, avant de soupirer. - Tu veux qu'on invite une amie à se joindre à nous ? Petit farceur va ! - Le prenant par la main, je l’entraîne vers l'extérieur de la maison où se trouve la fête, dans le jardin. Ce dernier est clôturé, pas moyen pour sexy de se perdre. De toute manière, je me tiens tellement près de lui qu'il peut même penser qu'une deuxième personne se trouve dans ses basket. - Je t'ai déjà parlé de mon pire baiser ? Il y avait cette fille dans mon cours de géo l'an dernier. Pour pas la nommer, on va l'appeler William. Tite-Will était une amie avant qu'elle n'essaie de m'embrasser. Je dis bien essayer parce que je ne peux même pas appeler ça un baiser, tellement c'était rapide. Je crois que Tite-Will a vite compris que moi et LES FILLESSSSS ... - Après avoir laisser ma phrase en suspend une seconde, je claque dans mes mains pour montrer que je suis toujours éveillé. Et toujours prêt pour aller au bar. - Tu vas porter quoi, pour aller au bal. Ton gilet ? -

Thomas, il comprenait vraiment ce qu'il voulait. Faire un plus un dans sa tête, ce n'était actuellement pas dans ses capacités. La conversation avec lui était donc décalée. William avait l'impression de dire une chose et d'obtenir une réaction dix ans plus tard. Pas que ça le dérangeait, mais il aurait préféré ne pas recevoir de réponse à ses phrases. Pas une seule. Que, allez savoir, Thomas se transforme en coup de vent et disparaisse comme par magie. Mais ça, ça n'arrive que dans les films d'horreur ou bien fantastiques, pas dans la vie réelle. À son grand malheur. "Non. Pas vraiment c'est que ... " C'est qu'il a que son gilet sur le dos? Rien en dessous? Il ne va quand même pas l'avouer à cet inconnu qui lui fait un peu trop de rentre dedans. Ce serait assez pour qu'il se fasse violer dans une allée sombre. "Non, ça va aller, le tien te va trop bien pour qu'on échange." Comme s'il allait se déshabiller comme ça, en publique. Faut pas rêver. "Et il est pas si confortable. Tu sais la laine pique et tout ça. Non vraiment, je te conseille pas de l'essayer." Et il recommence à parler sans prendre son souffle, comme si sa vie en dépendait. Et c'est un peu le cas.

Ce qui arriva par la suite fut pire. Non seulement il l'invita à se rendre chez lui, mais il déposa sa tête sur son épaule. Dans un réflexe de pure survie, ou de peur, ou de frayeur, ou même de dégoût allez savoir ... William se recula brusquement, tout en enchainant les paroles à une vitesse hallucinante. "Non ça va, moi je suis fatigué je crois que je vais plutôt rentrer chez moi et on remettra ça une fois ok?" Mais soit il avait parlé trop vite pour que la petite cervelle de Thomas le comprenne, soit il s'en fichait puisqu'il continuait sa conversation avec lui comme si de rien était. "Je suis pas nocturne. Et il fait froid. Non vraiment, c'est pas une bonne idée." Il avait eut beau se plaindre encore et encore, rien n'y faisait. L'intoxiqué se fichait pas mal de ses envies à lui. Il voulait juste faire comme bon lui semblait. Et le voilà qui lui prenait maintenant la main. Plus les choses avançaient, plus William sentait la panique le gagner. Non, il n'avait vraiment pas envie de le suivre même s'il s'y sentait obligé, se laissant trainer comme un petit chien par Thomas. Comme s'ils étaient des amis de longues dates qui se rendaient dans un endroit secret. Mais non, l'endroit il était aussi secret pour William et il était bien loin de "triper" comme on dit. "Mec, je veux vraiment, mais alors vraiment pas le savoir. Attends une minute, comment tu connais mon nom?" Dans la folie du moment et de la discussion, il avait entendu Thomas appeler la fille de ses précédentes aventures William. Ça ne pouvait pas être une coïncidence. "Me dit pas que t'es un espèce d'illuminé qui me poursuis sur les réseaux sociaux ou bien un truc du genre." Lâchant la main du garçon, il passa le revers de cette dernière sur son front, pour en retirer les quelques gouttes de sueur qui commençaient à s'y former. "Non y a pas de bal. Mais y a pas..." Comment lui faire comprendre? C'était plus difficile de prévu de se débarrasser de lui. "Pas de bal. Je vais pas au bal. Y a pas de bal." S'il le répétait assez souvent, peut-être qu'il allait le comprendre? "On va aller prendre un café à la place ok? Ça te dit un café?" C'était toujours mieux que d'aller dans un endroit seul avec lui. Comme en ce moment. Dehors... comme un lion en cage entre une maison pleine de gens bourrés et une clôture. Est-ce qu'elle était trop haute pour qu'il saute par dessus cette dernière? Probablement. Mieux valait ne pas essayer. Quoi que ? Et s'il criait au viol, est-ce que les voisins allaient entendre et accourir ou bien s'en foutre?

J'en crois juste pas mes oreilles, sexy vient de mentionner que mon gilet me va trop bien. Au fond de moi, je sais qu'il me reluque continuellement depuis les dernières minutes. Il ne veut pas le montrer, pour pas que les autres soient jaloux autour de nous, mais je suis son préféré. Ça parait. Tous ses compliments, sa manière de se tenir droit comme un piquet à mes côtés ... il y a des sous-entendus qui ne trompent pas. Et ça, c'est le cas. Juste la manière qu'il a de me parler, le choix de ses mots. Je crois bien que malgré moi, il a le béguin pour ma personne. Le seul problème est que je suis certain que demain matin, je n'arriverai même pas à le reconnaître et même si ce dernier décide de rester à mes côtés jusqu'à demain. - Tu veux que je te grattes ? - Quoi ? Il vient tout juste de mentionner que la laine, ça pique. Moi, je ne veux qu'être serviable et l'aider un peu. - Tu crois qu'ils ont tués beaucoup de moutons pour faire ton gilet ? J'ai pas l'intention de te pointer du doigt si tu me dis oui, mais j'ai tout de même envie de te dire: Assassin de bébés moutons. -

Si sexy est si fatigué, que fait-il encore ici ? J'ai bien envie de lui dire qu'il y a un petit motel pas très loin d'ici, où il pourrait aller passer le restant de la soirée et la nuit, pour ne pas prendre le volant, trop fatigué. Moi non plus, il ne serait pas judicieux de prendre le volant. Et j'ai bien envie de lui dire qu'on pourrait louer la chambre à deux. Moitié prix de presque rien, ça fait quand même pas grand chose. - T'es pas nocturne ? Moi, je le suis assez pour deux. - Au fond, j'ignore même pourquoi je mentionne tout ça. Je veux juste continuer ma tournée avec lui, voulant montrer aux gens présents que je me suis fait un nouvel ami. Sexy est bien là, il existe vraiment et il a pas l'air content du tout. - Parle moins vite, j'ai rien compris. Pourquoi serais-je un être de lumière s'inscrivant sur réseau contact ? - À vrai dire, j'ai rien compris de ce qu'il raconte. - Je te connais pas du tout au fait. Tu t'appelles comment déjà ? - Pourquoi me mentionner que je connais son prénom puisque là, dans l'immédiat, je ne suis même plus certain de la raison de ma présence ici. C'était bien lui qui m'avait traîné à l'extérieur, pas vrai ? - Oh ça va, si on peut même pas rigoler. Je te signale que t'étais pas mon premier choix, mais ton ami a pas vraiment le sens de l'humour lui non plus. On ira au bal de dimanche prochain dans ce cas. - Quoi qu'il puisse en dire sexy allait m'accompagner. Dans ma tête, en tout cas, ça sonne bien. - Je bois pas de café. - C'est tout ce que je trouve à dire avant de me retourner, dos à lui et de lever mes bras en l'air. La chanson qui joue en ce moment est d'une beauté pour les oreilles et j'ai bien envie d'en profiter pleinement. - Allez, s'il te plait, danse avec moi. T'es pas obligé de connaitre les pas et ... Attends, est-ce que c'était une invitation à aller chez toi, pour le café ? T'es vite en affaire mais les hommes entreprenant, j'haïs pas. - C'est fou comme quelques gouttes d'alcool peut pourrir notre existence en seulement quelques minutes.

La perplexité devait être perceptible dans le regard de William puisque vraiment, il ne comprenait pas pourquoi Thomas venait tout juste de lui proposer de le gratter. Bien sûr, il venait de mentionner que son gilet était en laine et peu confortable, mais quelle personne sensée pourrait bien proposer à un inconnu de le gratter? "Non ça va aller. Je pense que je peux me débrouiller seul." Et c'était exactement ce dont il était question non? Qu'il puisse ou non s'occuper de lui. Thomas, lui, en était bien incapable pour l'instant et pourtant, il proposait son aide comme ça, pour des trucs anodins et plutôt étranges. Il le traita ensuite de tueur de bébés moutons, ce qui décrocha un soupire à William. Croyait-il réellement qu'on avait tué des moutons pour créer son chandail. "C'est de la laine synthétique." Pas que ça changeait quoi que ce soit, puisque tondre un mouton, ça ne le tue pas. Mais également parce qu'il savait bien que ce mot allait être inconnu au vocabulaire de son interlocuteur un peu trop alcoolisé.

Mais bon le stratagème de lui indiquer qu'il n'était pas nocturne venait de faire un gros flop. De toute manière, c'était un gros mensonge éhonté. Après tout, William peut rester des nuits entières éveillées donc prétendre qu'il est matinal, s'en est presque risible. Mais cet inconnu ne le connait pas et ne se souviendra probablement même pas de lui dans quelques minutes, alors autant essayer de s'en tirer de toutes les manières possibles. "Laisses tomber. Je m'appelle William..." À quoi bon lui cacher plus longtemps? De toute manière, comme dit plus haut, il n'allait pas s'en rappeler. Ou du moins, Will l'espérait fortement. Tant pour sa propre personne que pour la santé mentale de ce garçon. "C'est ça, c'est ça. Dimanche prochain c'est une meilleure idée." Ou plutôt jamais, mais ça, inutile de le préciser. Est-ce que Thomas était le genre de personne a être aussi perturbant à jeun que saoul? Il fallait espérer que non, mais également qu'il oublie très rapidement cette rencontre. À la mention du fait qu'il ne buvait pas de café, le jeune massothérapeute en devenir retint un soupire de soulagement. Non pas qu'il avait l'impression d'avoir fait une bourde en lui proposant ce café pour changer de ce sujet, mais c'était le cas. Le fou collant continua son monologue, demandant si c'était une invitation et l'invitant à danser avec lui. Heureusement pour William, l'énergumène était maintenant dos à lui, lui offrant une porte de sortie. Et puisqu'il n'est pas plus fou qu'un autre, il en profita pour s'éclipser lentement, le laissant parler seul, retournant à l'intérieur de la maison. Le problème? C'est qu'il ne savait pas où se trouvait la porte d'entrée et qu'il y avait bien trop de gens pour être dans la capacité de se frayer un chemin sans pousser personne. Et même si sa vie en dépendait probablement, William n'était pas du genre à pousser les autres.

Je me sens inutile juste d'un coup, lorsque sexy me mentionne qu'il est capable de s'arranger seul. Il aurait pu au moins faire semblant. Vous savez, comme la plupart des femmes de nos jours ? Faire semblant d'aimer, de profiter de la vie de couple, toutes ces choses inutiles que l'on fait, sans s'en rendre compte. Faire semblant de bien des manières aussi, sur bien des sujets. - Et puis ? Tu as tué combien de bébés moutons synthétiques pour ça ? - Sérieux, je le suis. Toute fois, j'ai l'impression que sexy ris de moi et ça, ça m'énerve. J'essaie simplement d'être gentil, de montrer ma bonne volonté et mon intérêt pour sa personne. Mais même ça, il n'a pas l'air de l'apprécié. Peut-être veut-il que je sois plus réceptif sur notre avenir, à tout les deux ? Si c'est ça le problème, je veux bien le laisser parler, lui donner un peu de lousse dans notre relation. Car oui, il y a bien relation présentement. Je ne sais juste pas comment appeler celle-ci. Ami ou ami en devenir ? Plus, non merci. Parce que présentement, j'ai l'impression que sexy veut que je m’inscrive sur réseau contact, chose que je n'ai jamais fait avant. Ce n'est pas que ça ne me plaisais pas, mais j'ai tout de même tendance à évaluer la possibilité que sexy puisse s'inscrire avec moi. - Enchanté William. Moi c'est Thomas. - Je sais que le lui ai dit, mais j'ignore dans quel contexte. Peut-être que dès demain matin, je vais comprendre que j'ai poussé trop loin et que j'ai maqué de nombreuse occasion de me taire. C'est bien possible.

- Je crois que je travaille dimanche prochain. - Je me sentais lasse tout d'un coup, comme si plus rien n'avait d'importance. C'était méchant de ma part de lui faire de faux espoirs. Espérer que l'on puisse se revoir la semaine prochaine et ensuite, décliner l'invitation. Ça ne me ressemble pas et pourtant, c'est exactement ce que je suis entrain de faire. Je m'en veux et je sens les larmes me monter aux yeux. Changer de sujets, faire comme si tout est bien, comme si la vie est belle et prendre le temps de respirer calmement. Je préfère donc lever les bras au ciel, écoutant la musique de la fête prendre de l'ampleur. Ce n'est pas réellement de la musique qui pourrait m'intéresser au premier abord mais là, à cet instant, je m'en moque. J'ai besoin d'évacué, besoin de me changer les idées, de ne pas penser à ce que je suis entrain de faire vivre à sexy. Je sais que ce garçon m'a mentionné son prénom, quelques instants auparavant, mais je l'ai complètement oublié. J'espère seulement que je lui ai mentionné le mien pour que ce dernier puisse s'en souvenir et revenir vers moi, si jamais il se perd. Toujours dos à lui, j'accepte de me laisser aller contre la musique, toujours en levant les bras dans les airs. Et soudainement, sans même me retourner, je sais qu'il est parti. Peut-être à cause du bruit qu'il a fait, peut-être à cause du sentiment de vide que je ressent présentement. C'est probablement pour cette raison que je décide de retourner à l'intérieur, le coeur gros. De loin, je vois sexy, toujours le même, parmi la foule. Il n'est pas accompagné, personne n'a retrouvé ce petit chien blessé. Pauvre petit. Je me rapproche donc de lui, peiné pour lui. - Hey, je crois que tu as oublié quelque chose à l'extérieur. MOI ! - Je ne peux m'empêcher de lui sourire, d'un sourire se voulant bien sincère. - C'est okay pour dimanche prochain, je prendrai congé si nécessaire. - Comme ça, il ne pourra pas dire que je le laisse tomber. Pas cette fois-ci.

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