Fragments of life scattered + Léonie

Rien dans le tiroir du haut, rien dans le tiroir du bas. En vrai, il y avait toutes sortes de choses dans ces tiroirs, mais rien qui ne peut réellement m'intéresser. J'aurais pensé trouver quelques pièces de sa vie, espérant pouvoir comprendre qui elle est réellement. Depuis qu'elle est dans sa vie, mon ami William agit étrangement, comme si la demoiselle pouvait gouverner sa vie. Dans un sens, je peux la comprendre. Entrer dans la vie de quelqu'un, en prendre complètement part, c'est quelque chose d'intéressant, quelque chose de bien à long terme. Mais à long terme seulement. Pas lorsque j'essaie de me dépêcher pour apprendre à connaitre quelqu'un à la vitesse de l'éclair, tout en essayant d'être subtil.

William n'est pas à l'appartement. Léonie et Jay non plus. J'en profite donc pour mettre mes supers pouvoirs de détective à l'oeuvre. C'est dans la chambre de Léonie que je suis depuis les dernières vingt minutes. Son linge est étalé par terre, son matelas, de travers. J'ai également ouvert la penderie, lançant chaussures et effets personnels un peu partout, cherchant quelque chose de particulier. J'aimerais trouver quelque chose pour faire comprendre à mon ami qu'elle n'est pas une bonne personne, qu'elle ne doit pas trop s'approcher. Ainsi, Willy passerait beaucoup moins de temps avec la demoiselle et j'en serais débarrassé. Ce n'est pas que je n'aime pas Léonie, je la trouve trop envahissante par moment, venant toujours nous déranger. Un jour, elle finira par ouvrir la porte de la chambre de William et découvrira quelque chose qu'elle ne souhaite pas voir. C'est ça que j'essaie de lui faire comprendre, mais pas réellement avec des mots. J'ai toujours été nul lorsqu'il est question d'explication ou de délires verbaux. S'en prendre à quelqu'un, ça n'a jamais été dans mes cordes non plus. J'essaie juste de rester moi-même et essayer de comprendre qui est la colocataire de Willy. Tout simplement.

Je viens de virer le coffre à bijoux de Léonie, ne trouvant rien d'intéressant à l'intérieur. Regardant le sol, tout autour de moi, ce n'est que dévastation. Et soudainement, j'entend une clef dans la serrure de l'appartement. Quelqu'un va arriver et cette personne peut bien être Léonie. Et si c'est le cas, je sais que je suis un homme mort. Sans rien amassé, je me dépêche de rejoindre le salon, prenant place confortablement sur le canapé. Télécommande en main, je défile l'inventaire des films qui apparaissent devant mes yeux. J'opte pour une comédie dramatique, tandis que mon regard se dirige avec Léonie qui vient d'arriver. J'espère seulement que cette dernière décidera de rebrousser chemin sans prendre la peine d'aller voir dans sa chambre. Mais pas facile d'espérer quelque chose qui ne changeras jamais. Dès qu'elle pose ses yeux sur moi, j'opte pour un petit signe de tête poli, me disant qu'il n'y a pas moyen qu'elle puisse savoir que c'est moins l'auteur du désastre dans sa chambre. Non, personne ne peut le savoir. Même moi, je ne suis même pas certain de ce que j'ai pu faire.

La journée avait été épuisante. En fait, Léonie se serait bien passé d’une journée comme celle qu’elle venait de vivre. Elle avait eut le droit à une panoplie des clients les plus lourds de la décennie. Une mamie qui voulait un livre, qui avait inspiré un film “mais oui vous savez avec cet acteur jeune et célèbre”, un homme qui voulait rendre un livre qui devait avoir baigné dans le café ou une mère avait ses six enfants qui hurlaient en courant partout. Ils avaient même réussi à faire tomber une étagère qui avait ensevelie la mamie à la recherche de son acteur. Parce qu’évidemment c’était Léonie qui était une mauvaise vendeuse. Il n’y avait que des bons clients. Elle avait finie par faire la fermeture avec une cliente de dernière minute qui s'était attardé trente minutes alors qu’elle était rentrée en courant en hurlant qu’elle n’en avait pas pour longtemps car elle savait ce qu’elle voulait. Pour couronner cette journée, elle était partie sans rien acheter.

Léonie avait besoin d’une douche. Une douche brûlante. Elle espérait qu’il n’y ai personne à l’appartement pour pouvoir profiter de l’eau et de s’affaler sur le canapé devant american idol ou une autre émission idiote. Elle rêvait de solitude, de silence et de mettre son cerveau sur pause. Apparemment elle n’aurait même pas le droit à sa solitude car en tournant la clef, la porte s’ouvrit immédiatement, signe que quelqu’un était déjà là. Et ce quelqu’un était bien la dernière personne qu’elle avait envie de voir après cette journée. Thomas. Décidément .. Ce n’était pas son jour. Et lui il n’avait pas de maison ? Ou même un carton à squatter sur le trottoir au lieu de mettre son cul sur le canapé ? Il se contente d’un petit signe de tête et la brune ne peut s’empêcher de lever les yeux au ciel. Ce n’est pas qu’elle ne l’aime pas… en fait c’est juste qu’elle ne peut plus le voir. Il est plus souvent chez eux que chez lui et il a décidé qu’elle était le diable en personne. Ou qu’il ne l’aimait pas non plus. Elle n’a pas trop compris d’où était parti ce dégoût pour lui. “Tu ne veux pas essayé de vivre chez toi ? juste pour voir.”

La brune se contenta de cette phrase avant de poser son manteau dans l’entrée. Bon, il fallait attendre que l’envahisseur s’en aille. C’était un fait. On lui avait pourrie la journée et Thomas lui pourrissait la soirée. Aller s’enfermer dans sa chambre, c’était la dernière option.

Elle eut envie de le tuer. De l’attrapper et de l’écorcher vif, de l’accrocher dépecé à l’entrée de l’appartement pour servir d’exemple. De le balancer par la fenêtre, elle était sûre d’en avoir la force. Thomas avait retourné sa chambre. Non ce n’était pas des accusation sans fondements. Elle était sûre que c’était lui. Jay et William ne se serait jamais permis de fouiller. Et même s’ils avaient oser le faire, ils auraient eut l’intelligence de ranger derrière eux et de ne pas laisser leur crime comme ça. Elle traversa le couloir à la vitesse de la lumière avant de venir se planter devant la télé. Elle avait envie de retourner la table ou peut-être d'étouffer le jeune homme avec un coussin. “Mais c’est quoi ton problème?!” Elle l’aurait bien gifler. Léonie n’était pas de nature violente mais là elle se retenait de ne pas sauter à la gorge du jeune homme installé dans le canapé. Elle lui aurait bien arracher la carotide avec les dents. “Qui t’a permis de rentrer dans ma chambre ? Qui t’a permis de la retourner comme ça?!” Elle avait prévu de lui reprendre les clefs, n’en déplaise à William mais plus jamais elle ne laisserai Thomas rentrer seul chez eux. Il avait fouillé dans ses sous vêtements bordel !