Je ne veux pas le savoir (pv Rhys)

Je devrais êter habitué avec le temps. Je ne devrais pas m'en faire chaque fois que j'ai ce genre de coup de téléphone. Mais pourtant me voilà, à m'inquiéter au volant de ma voiture. À regarder dans le rétroviseur comme un paranoïaque qui pense que sa vie est en danger. Comme s'il venait d'être entrainé dans un complot mortel dont il ne peut s'échapper. C'est tout moi. Lorsque j'entends son nom, je laisse tout ce que je fais en plan et j'accours. Parce que des amis, ça sert à ça et que moi, c'est comme ça que je fonctionne. Je ne peux pas laisser mes amis dans le pétrin, même quand ils le mérite. Et lui, justement, il le mérite tout le temps. Mais je fais le bon chien chien et je reviens vers lui la queue entre les jambes. Je sais que ma femme n'approuve. Elle le déteste, elle aimerait que je coupe les ponts avec lui. Elle n'a pas besoin de me le dire, je la connais par coeur. Elle ne m'en parlera jamais, ne me dira jamais qu'elle préfère qu'il dégage, mais elle le pense. Je le vois dans ses regards, dans ses soupirs lorsqu'il prend la parole ou dans ses gestes brusques lorsqu'elle voit qu'il squatte notre maison. Mais Rhys, c'est comme un petit frère perdu pour moi. Il a toujours pu conter sur moi et j'ai toujours pu conter sur lui. Je ne suis pas prêt à l'abandonner et ça, elle le respecte. C'est l'une des raisons pour laquelle je l'aime tant. Elle est simplemente la femme parfaite.

Toujours perdu dans mes pensées, je gare mon automobile dans le stationnement, me râclant la gorge pour avoir l'air professionnel. Je ne sais pas pourquoi c'est toujours moi qu'on appelle dans ces situations. Je suis avocat, mais ce n'est pas ce dont il a besoin en ce moment. C'est d'un ami. Et c'est pour ça, parce que je suis peut-être bien son seul vrai ami. Alors je me conduis comme tel, prenant mon courage à deux mains et poussant les battants de la porte d'entrée. Immédiatement, les deux hommes assis derrière leurs bureaux lèvent la tête et me regardent, de la tête aux pieds. Lorsqu'on voit un homme en habit entrer dans ce genre d'endroit, c'est pour une seule raison: aller chercher quelqu'un. Sinon l'homme en habit serait chez lui à regarder la télévision. Pas entrain de perdre son temps à cet endroit. > Je viens chercher monsieur Evans. Et je ne veux pas savoir pourquoi on l'a incarcéré la nuit dernière. Il est sûrement en dégrisement, encore.

Il n'est pas réellement brillant de faire de petites ballounes avec de la bave, surtout lorsqu'on est face à un autre détenu. Ni lui dire qu'on l'aime beaucoup. Peu importe, c'est comme ça que j'agis depuis les trente dernière minutes, depuis que j'ai compris que mon meilleur ami vient me chercher. Durant la nuit dernière, dès que j'ai compris que je me faisais arrêter, j'ai demandé à parler à mon avocat, mais sans succès. Donc, pas la peine d'ajouter que j'ai été ridiculisé pendant un moment par les policiers, me laissant dans une cellule. Et non, je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit, préférant les surveiller, au cas. Au cas que quoi ? Au cas que rien du tout. J'ai simplement passé les dernières heures à regarder mes ennemis parler, espérant leur faire assez pitié pour qu'ils puissent m'accorder cet appel. Ce n'est que ce matin que j'ai eu la confirmation qu'ils ont appelé Jacob. Ce dernier, le meilleur ami que la terre a pu engendrer, me sert également d'avocat lorsque j'en ai besoin. Et il n'est pas rare que Jacob puisse être ma porte de sortie. Grâce à lui, je n'ai jamais été en prison, mais j'ai du payer des sommes atroces pour me sortir de mauvais pas. Je dois aussi lui en glisser un mot puisque dans un sens, c'est un peu de sa faute si je suis ruiné. S'il ferait plus attention sur les montants de ma libération, peut-être ne devrais-je pas autant à la ville.

> Je viens chercher monsieur Evans.

Ça, c'est moi. Et ça, c'est Jacob. Dès que j'entend mon nom, j'arrête immédiatement mon petit manège de bave, pour me retourner vers Jacob. - Enfin. - J'ai tendance à exagérer dans ma vie, et encore plus devant mon meilleur pote. Jacob, c'est comme un frère. On a fait tellement les cons durant notre jeunesse. Ah non, pardon. J'ai fais tellement le con durant notre jeunesse tandis que monsieur amassait les problèmes avec ses parents. Et encore aujourd'hui, je sais bien qu'il a de petites crises de colère venant de sa femme de temps à autre. Je les entends souvent, lorsque je prend place sur le canapé de leur salon, six à sept fois par semaine. Un beau jour, je crois que je vais demander à Jacob de me faire une chambre. Ça pourrait me coûter moins cher de logement vu que dès que je dors chez lui, il ne me charge rien et que j'ai le droit au petit déjeuner gratuit le matin. Bon d'accord, les oeufs et le café d'Alexandra laisse à désirer et elle déteste lorsque je lui en fais la remarque, mais un jour, elle finira par m'épater. Elle comprendra qu'elle n'a qu'à aller chercher des viennoiseries de l'autre côté de la rue, que je ne vais pas lui en vouloir. Mais j'y suis tout de même reconnaissant. Ce n'est pas tout le monde qui accepterait que je puisse vider son carton de jus d'orange à chaque matin. - Tu peux être son avocat à lui aussi, stp ? Je sais pas ce qu'il a fait exactement, mais il arrête pas de me dire qu'il va mourir ici, que personne ne va pouvoir l'aider, vu qu'il a tué quelqu'un. On pourrait s'en faire un ami, tu crois pas ? Ça pourrait être utile. Comme un petit chien à la maison. - Ramener des cas perdus aussi, c'est souvent dans mes cordes. Jacob n'est même pas rendu au fond de la salle, soit devant moi que déjà, j'espère qu'il puisse aider la veuve et l'orphelin. Je ne suis pas un bon gars, mais je sais que mon chum oui.